Filed under: Mes films : bloc-notes
Texte de Bruno Le Gouguec 2010
Egalement ici
Bobine de cordeau. (crayons de couleur).
Bruno Le Gouguec
J’imagine que la position du cinéaste, du filmeur comme certains disent, est au fond toujours inconfortable parce que l’homme qui filme s’esseule. Il s’esseule volontairement sur la scène du monde pour mieux affirmer positivement un principe nécessaire à l’altérité lequel s’énonce négativement : « je ne suis pas le monde…, je ne suis pas cet homme que je regarde… ». C’est en quoi la position du cinéaste (qui est celle de tout artiste finalement) rejoint, pour une part, celle de l’étranger. Ce principe évident élude les questions oiseuses concernant l’identité. Il faut bien sûr se percevoir, pour une part, comme séparé des choses et d’autrui, pour reconnaître aux choses, à autrui, et à soi-même, une identité propre.
Usant de ce principe comme d’un dispositif, Philippe Cote – cinéaste français – s’éloigne – le temps d’un film – pour mettre en lumière la réalité paradoxale, miraculeuse, du corps intelligent de l’homme – certes esseulé plus que jamais dans un pays lointain dont il ignore la langue et les usages (le Laos en 2008, l’Inde, le Népal, en 2009 1…), mais en relation de fait ; en vacance, en somme, mais, dans un sens absolu. Les montreurs d’images authentiques se méfient des discours. Ils profitent plutôt, comme les enfants, de ce que les choses nous parlent. Philippe Cote est habité, me semble-t’il, par cette intuition heureuse «que nous vivons continuellement une solution des problèmes qui sont sans espoir de solution pour la réflexion» 2. Si parler, (ou, plus généralement, ce que nous appelons communiquer) n’est souvent qu’une version bruyante et dévitalisante du mutisme universellement répandu, il se pourrait que l’image poétique – silencieuse ici – nous conduisit finalement « à l’origine de l’être parlant »3 ; en quoi celle-ci est humanisante. « Nous croyons en effet que tout ce qui est spécifiquement humain en l’homme est logos » 4.
L’image poétique – événement du logos – sans cause, advient. Elle est, en dépit de notre égarement relatif (proportionnel au degré de mutisme dans lequel nous sommes plongés) probablement toujours une annonciation de la vocation réelle du corps, qui ne saurait être manifestée en dehors d’une relation juste. Ce qu’elle annonce se dévoile à mesure que les yeux s’ouvrent et que le corps se délie. Faire le jeu du pur amour « aimer purement, dit Simone Weil, c’est consentir à la distance, c’est adorer la distance entre soi et ce qu’on aime 5». Cette présence ajustée au monde qui s’oppose au confort de l’isolement mortifère prôné par nos sociétés, comporte une face nocturne dont le nom est solitude, certes, mais c’est pour mieux en goûter la face lumineuse qui a pour nom liberté. La liberté dans les films de Philippe Cote revêt la figure de l’espace heureux. C’est en quoi il renoue – prenant le contrepied de la sinistre industrie de l’image contemporaine – avec une tradition quasi disparue de la représentation de l’espace comme miroir de la présence.
legouguec.bruno(at)neuf.fr
[1] Cf les films de P. Cote : « Va regarde 1 (2008) » et « Va regarde 2 (2009)
[2] Gaston Bachelard – La poétique de l’espace.
[3] idem
[4] idem
[5] Simone Weil – La pesanteur et la grâce.
Filed under: Mes films : bloc-notes
A suivre peut-être sur ce Blog !
Finalement désolé…de ne pas tenir ce carnet de route…
Mon parcours ( mis à jour ) :
En attendant la rétrospective Ritwik Ghatak à la cinémathèque et la parution d’une monographie….
Filed under: Fleurs secrètes
- 360 ° et même plus
- Braquage
- Collectif Jeune Cinéma
- Collectif négatif
- Dérives
- Editions Paris Expérimental
- filmlabs
- L’Abominable
- L’Etna
- Le peuple qui manque
- Les yeux dans le monde
- Light cone
- Radio libertaire
- RE : VOIR – The Film Gallery
- RE : VOIR – Video Editions
Filed under: Mes films : bloc-notes
Poèmes de Antonio Gamoneda…paroles constituant le son de mon dernier film
Filed under: Agenda
Egalement : ici ( avec lien site du cinéaste )
Cinémathèque Française – Vendredi 23 Juillet – 19 h 30 et 21 h 30
Programme :
Filed under: Agenda
Volume 2 BY BRAKHAGE aux Ed Criterion : ici
Indispensable…mais un peu cher…
Filed under: Agenda
Aux Editions Montparnasse : ici
DVD ( 2 DISQUES )
Les films de la collection L’Usage du Monde, dirigée par Stéphane Breton, nous emmènent dans les plis et les ourlets du monde moderne, dans ces endroits où personne ne va jamais, trop étranges pour un voyage facile, mais trop profonds pour ne pas nous inspirer.
Filed under: Agenda
Hommage / Maison de la Culture du Japon (15e)
Plus d’informations sur ce site (avec vidéo de présentation du cinéaste) : ici
Les Films –
– | Flip Books, Sadao Yamanaka |
– | Kochiyama Soshun, Sadao Yamanaka |
– | Pauvres Humains, ballons de papier, Sadao Yamanaka |
– | Tange Sazen et le pot d’un million de Ryos, Sadao Yamanaka |
Découverte d’une figure majeure de la Nouvelle Vague japonaise des années trente. Contemporain de Yasujiro Ozu, Sadao Yamanaka souffla un vent de modernisation sur le système des studios de son époque et apporta un regard d’une grande fraîcheur sur sa société dans le cadre codifié du film à costumes de l’époque d’Edo. De ce cinéaste emblématique du premier âge d’or du cinéma japonais, mort très jeune à la guerre, il ne reste plus que trois films, les autres ayant été perdus ou détruits. L’occasion de (re)découvrir un grand auteur classique japonais injustement méconnu en France. Temps forts – Projections dans leur intégralité et en VOSTF, pour la première fois, de ces 3 films à la Maison de la Culture du Japon, du 7 au 9 juillet. –
Films présentés par Charles Tesson, Shinji Aoyama et Jun Fujita
Filed under: Agenda
Vendredi 9 Juillet à 19 H ( début de séance à 20 h 30 )
Pour la dernière séance avant que l’été nous disperse, nous avons l’immense plaisir d’invité Monsieur Marc Perrone, accordéoniste diatonique génial, chanteur merveilleux, amoureux et grand accompagnateur du cinéma sous toutes ses formes.
Cette soirée lui est entièrement consacrée. Il jouera, racontera, chantera peut-être même.
Dans sa besace : des films de l’histoire du cinéma muet qui seront l’occasion d’évoquer de la nature de son travail d’improvisation et de composition. Il nous parlera aussi de la façon dont il a créé et continue à créer les bandes sonores de nombreux films fictions et documentaires. Ce sera l’occasion d’échanger autour des questions de désir et de rôle d’une création musicale dans la fabrication d’un film. Et d’aller voir au plus près comment cette création peut prendre forme.
Bref, vivement vendredi !
Et toujours notre chef cuistot en titre, Didier,…prêt à vous servir dès 19h !
Début de la séance à 20h30.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Marc Perrone, voici son site : http://www.marcperrone.net
« Et nous nous ressouvenons tout à coup que René Clair, Jean Renoir, Julien Duvivier furent aussi de remarquables paroliers de chansons. À force de dialoguer avec les souvenirs, de les tutoyer amicalement, jouyeusement, Marc Perrone nous les rends proches, contemporains. Et acquiert une sorte de talent un peu magique. Il voyage dans le temps, fait revivre des fantômes. Les musiques qu’il compose pour les films muets de Cavalcanti Vigo ou Renoir semblent lui être soufflées par les metteurs en scène. » Bertrand Tavernier
Et c’est toujours à la Générale Nord-Est !
14 av Parmentier
75011 PAris
M°Voltaire.
www.lereelinvente.blogspot.com